Aperçu général

Présentation générale

1.2. Registres de la communication

A la base, la communication d'information sert de lubrifiant pour faire passer des messages, décisions et innovations tenus pour préalablement "ficelés" : on veut que l'interlocuteur les connaisse (information), les comprenne (explication), les applique (instruction), y adhère (conviction)... Autrement dit, pour éclairer, persuader ou soumettre un interlocuteur, on va transmettre des données ou des connaissances, des renseignements ou des ordres...

Plus élaborée, la communication d'influence, se pose en carburant pour faire changer nos messages, décisions et innovations. Alors que la réclame se bornait à informer sur les produits, la publicité veut agir sur les motivations des clients, les conditionner et influencer leurs choix ; alors que les relations publiques visaient à informer ou convaincre des "décideurs" ou supposés tels, le lobbying veut influencer des processus qui produisent des décisions ; etc. Autrement dit, pour créer, infléchir ou contrer des messages, décisions ou innovations tenus pour malléables, on va tenter de modifier des comportements d'acteurs -individuels et collectifs- par une action sur certains processus -psychiques et politiques- qui orientent leurs relations.

Encore plus élaborée, la communication stratégique est par surcroît un comburant pour faire fonctionner ces processus et quelques autres, notamment des processus organisationnels ou institutionnels. Fonctionnement d'autant plus important et délicat que la frontière s'estompe entre processus décisionnels et coopératifs : ceux-ci contribuent à ceux-là, ceux-là évoluent pour mieux alimenter ceux-ci... S'y ajoutent les éventuelles interférences de processus techniques, par exemple dans des démarches coopératives de type Web 2.0. En résumé, la communication devient alors le passage obligé pour élaborer des messages, décisions et innovations qui soient fiables et pérennes parce que reconnus pertinents et légitimes par les intéressés. Autrement dit, des messages, décisions et innovations appropriables et appropriés...

On distingue trois registres de la communication : la communication de persuasion, la communication d’influence et la communication stratégique.

1) La communication de persuasion s'adresse aux idées de l'interlocuteur, supposées déterminer objectivement ses comportements, eux-mêmes supposés "rationnels". Sous-entendu : quand il aura compris, il fera "comme il faut"… Généralement, elle s'exerce directement dans la relation entre l'émetteur et la cible: on agit par le discours sur son discours, dont l'évolution traduira l'évolution de ses choix, de ses décisions, de ses actes.

Quelques exemples courants

• la publicité de type réclame ou hard selling, qui vise à augmenter les ventes en délivrant une information pour faire connaître l'existence du produit, ses performances, son prix…
• la plaidoirie de l'avocat, qui tend à démontrer que son client a raison…
• la profession de foi politique, qui s'emploie à convaincre l'électeur que le candidat est le meilleur…

Cette communication est très prisée - comme s'il suffisait d'énoncer une vérité ou une règle pour qu'elle soit acquise. Mais elle peut s'avérer peu efficace, voire contre-performante, car dans bien des situations complexes, plus on essaie de persuader, plus on finit par dissuader.

2) La communication d'influence s'intéresse plus largement aux motivations individuelles et relationnelles de l'interlocuteur, à ce qui le fait courir, particulièrement au plan psychique (envies personnelles, plaisir, angoisses, image…) et au plan politique (objectifs sociaux, pouvoir, sécurité, image…). Sans exclure la persuasion directe, elle s'exerce plus indirectement, en agissant avant tout par et sur des processus psychiques et politiques qui sous-tendent la relation - par exemple par la séduction ou la manipulation, sur des désirs ou des relations de pouvoir:

• la publicité suggestive fondée sur le charme, la puissance, l'image, le rêve…

• une émission de télévision complaisante visant à rendre le cerveau humain disponible pour d'autres messages…

• les faveurs - ou perspectives de faveurs, éventuellement illusoires - promises par le candidat…

• le détour par un tiers influent en lobbying classique...
• les diversions médiatiques au service d'un système politicien

 

Ces ressorts élémentaires trouvent leurs limites quand on s'élève sur la pyramide de Maslow, individuellement ou collectivement... En démocratie, la pédagogie contribue à cette élévation. Contrairement à la démagogie, qui vise la régression - par exemple en jouant sur la peur (de l'étranger, du terroriste, du voleur, du libre-penseur déviant, du jeune...) pour favoriser des manipulations sur fond de diversion sécuritaire ou poujadiste.

3) La communication stratégique appréhende l'ensemble de ces données objectives et subjectives, ainsi que bien d'autres paramètres qui caractérisent les processus collectifs complexes et les projets qu'ils produisent. Non seulement des processus décisionnels, mais aussi des processus coopératifs, associés à l'émergence ou à l'évolution de problématiques aussi variées que l'éclatement de la décision, le rôle de la société civile ou du soft power, l'évolution de la gouvernance ou du smart power, l'émergence de partenariats évolués ou de réseaux assembleurs.

La communication stratégique est une démarche organisée destinée à maîtriser les opportunités et contraintes externes par une approche prospective et stratégique de l'information et des relations. Elle comporte quatre grandes composantes complémentaires et indissociables:

-       Le lobbying consiste à exercer ou à parer une influence, directe ou indirecte, destinée à obtenir, infléchir ou entraver une décision (pas nécessairement institutionnelle), une norme, un projet, un courant de pensée, une tendance… 

-       L'intelligence stratégique vise la maîtrise globale des flux d'information en vue de l'action. Elle inclut non seulement la veille technologique ou concurrentielle, mais plus largement l'acquisition et le traitement d'information de caractère stratégique, y compris relative aux systèmes et acteurs. 

-       La relation partenariale tend à inscrire l'expression de ses propres objectifs dans la culture ou la logique des partenaires, de leurs actions, de nos projets communs... Pour paraphraser Saint-Exupéry, elle dépasse l'habituelle négociation "gagnant-gagnant", où l'on se regarde l'un l'autre, car il s'agit de regarder ensemble dans la même direction

-       La stratégie de présence situe l'ensemble des relations concernées dans une perspective cohérente et ouverte. Elle combine présence auprès (relations techniques, commerciales et institutionnelles "classiques") et au sein d'une institution ou d'un système (participation aux instances, contribution aux travaux, actions, projets...).

Du fait des particularités de chacun de ces registres de communication, les diverses démarches ou méthodes seront plus ou moins efficaces selon le contexte. La dialectique sera particulièrement efficace en communication de persuasion. Sa maîtrise restera nécessaire en communication d'influence - selon des modalités différentes, car il ne s'agit plus ici de "convaincre au premier degré" - mais une action indirecte par/sur les processus relationnels pourra être beaucoup plus déterminante. En communication stratégique, de la même façon, l'une et l'autre céderont le pas à la vision prospective.

Ainsi, l'art de communiquer en situation complexe suppose non seulement une maîtrise de différents vecteurs, mais surtout une aptitude à élaborer une alchimie subtile qui combine - sans les mélanger - des vecteurs distincts sur des registres différents. Au-delà de la transmission (1er degré) ou de la manipulation (2e degré), l'une et l'autre réductrices, on peut réhabiliter la communication par le recours aux démarches plus élaborées qui font sa noblesse en fondant l'efficacité sur les synergies plutôt que sur l'instrumentalisation.

 

1.2. Groupe d’intérêt (d’influence, de pression)

Alors qu’en général on essaie de faire la différence entre ces termes, je trouve qu’en réalité il s’agit d’une même réalité. Il s’agit d’un processus qui consiste à influencer, à faire pression sur les décideurs, pour un intérêt quelconque, personnel ou collectif. Toutes ces expressions sont rendues dans ce que nous appelons groupe d’intérêt.

Un groupe d'intérêts est une organisation constituée pour la défense d'intérêts et exerçant une pression sur les pouvoirs publics ou en influençant ceux-ci afin d'obtenir de ceux-ci des décisions conformes à leurs intérêts.

1.2.1. Caractéristiques des groupes d'intérêts

Pour qu'il y ait groupe d'intérêts, il faut la réunion de trois éléments :

• L'existence d'un groupe organisé durable, structuré, avec à sa tête des dirigeants capables de choisir les stratégies d'action. Des rapports collectifs stables s'établissent, permettant de se différencier d'une action spontanée non organisée, simplement mouvement de foule.

• La défense d'intérêts : un intérêt est un problème, un grief, une frustration, qu'un groupe entend ériger en cause à défendre. L'intérêt n'est pas naturel mais construit par les acteurs sociaux, qui s'efforceront de le rendre cet intérêt légitime. Il faut aussi optimiser les ressources et modes d'action pour pouvoir influencer. Le concept d'intérêt doit s'entendre au sens large : l'intérêt n'est pas seulement matériel, il peut aussi être purement moral.

• L'exercice d'une pression : le groupe d'intérêts se manifeste par diverses modalités, en pesant sur l'autorité publique habilitée à prendre une décision. La démarche est d'influencer les pouvoirs publics ; l'objectif n'est pas de conquérir / d'exercer le pouvoir, il s'agit d'une simple influence.

Au sein de l'administration, certains secteurs (police, éducation nationale, magistrature) constituent l'appareil d'État et ne sont pas des groupes d'intérêts. Mais leurs agents peuvent constituer des syndicats, des associations, des groupes d'intérêts défendant leurs intérêts. Les groupes d'intérêts explicitent les actions sociales, interviennent dans l'exercice des pouvoirs publics : ce sont des acteurs du système politique, ils influencent le fonctionnement de ce dernier.

1.2.2. La légitimité des groupes d'intérêts

Les groupes d’intérêts prennent en charge des intérêts spécifiques, alors le développement de telles organisations soulève une triple interrogation : est-il légitime, dans les régimes démocratiques, que la politique s'exprime par le biais d'intérêts spécifiques ? Ces derniers ne sont-ils pas susceptibles de dégénérer en intérêts particuliers contraires à l'intérêt général ? Ce phénomène ne menace-t-il pas l'égalité démocratique entre individus ?

Ces questions reviennent à étudier la légitimité des groupes d'intérêts. La réponse est variable selon les cultures politiques. Il faut ainsi distinguer la conception américaine de la conception française.

A) La conception américaine

L'enracinement du phénomène associatif dans la société américaine a déjà été évoqué par Tocqueville. Dans Le Fédéraliste, James Madison exprime la nécessité de respecter la diversité du corps social tout en cherchant à en limiter les effets néfastes. Pour préserver la société de l'injustice des minorités, il faut trouver un équilibre dans la suite du système checks and balances.

Les groupes d'intérêts sont enracinés dans la culture politique américaine, très attachée au modèle pluraliste. Pour eux, les groupes d'intérêts sont perçus comme inhérents à la démocratie, comme correctifs aux défauts du système représentatif. Ils sont considérés comme des organisations de citoyens qui contribuent à l'amélioration des décisions prises car faisant valoir les revendications.

B) La conception française

Depuis la Révolution, il existe toujours une vision unitaire et jacobine de la nation et de l’État. Depuis le 14 juin 1891, la Loi Chapelier interdit les associations et ne sera levée qu'en 1901 avec la reconnaissance officielle de la liberté d'association.

Cette vision génère un refus des représentations fragmentaires, car on met en avant l'unité française. Ainsi les groupes d'intérêts n'ont pas la même reconnaissance politique que les lobbies américains. Pendant longtemps, les groupes d'intérêts ont fait l'objet de vives critiques (en France) : en exprimant les divisons de la société, ils constituaient soi-disant une menace pour la nation, un risque de fractionnement de la volonté générale. De plus, en s'intercalant entre le citoyen et le pouvoir, les groupes d'intérêts remettraient en question la démocratie représentative : en négociant avec les groupes sociaux professionnels, on court-circuite le dialogue avec les partis et parlementaires. Les délégués des groupes particuliers ont tendance à se substituer aux élus du peuple. Enfin ces groupes d'intérêts, en se développant, risque de provoquer un blocage des initiatives gouvernementales, à cause de la tendance de chaque groupe à revendiquer la sauvegarde de situations acquises / droits acquis. L'individu ne se comporte plus en citoyen mais en agent socio-économique attaché aux intérêts de sa catégorie. Surtout, chaque groupe essaye de maximiser ses bénéfices propres et essaie de reporter sur d'autres la contribution aux charges nationales.

1.2.3. La typologie des groupes d'intérêts

La notion de groupes d'intérêts renvoie à une série d'organisations très hétérogène, dont il est difficile de dresser une typologie. On peut utiliser plusieurs critères :

• Le but (distinguant les groupes d'intérêts des groupes d'idées)

• Le genre (distinguant groupes publics / privés)

• La structure (distinguant groupes de masse / de cadre)

• La nature de leur activité

Le critère le plus opérant est celui qui se fonde sur la nature des intérêts pris en charge. Plus précisément, on peut distinguer le caractère global du caractère spécialisé des intérêts défendus. Il se fonde sur un constat initial, celui que les groupes d'intérêts s'adressant à une base sociale préexistante et ayant une identité collective déjà constituée n'ont pas la même démarche que les autres. Ce critère amène donc à distinguer les groupes d'intérêts à vocation globale des groupes d'intérêts à vocation spécialisée.

Les groupes d'intérêts à vocation globale

Philippe Braud les appelle « groupes d'intérêts à caractère identitaire ». L'objectif de ces groupes est de prendre en charge les intérêts d'une catégorie particulière de la population, dont l'existence sociologique est déjà identifiée (ouvriers, paysans, cadres, femmes, jeunes...). La défense des intérêts porte alors sur l'ensemble des attentes de la population ciblée : pour présenter des demandes cohérentes, ces organisations sont obligées de procéder à un travail de synthèse des demandes.

Parmi ces groupes à vocation globale figurent des groupes socio-économiques (de salariés, de patrons, d'agriculteurs, d'enseignants, de défense des consommateurs...), des groupes socioculturels regroupant des individus autour d'une même expérience d'ordre idéologique (club de pensée), d'ordre religieux, d'ordre historique (associations de déportés), etc.

Toutes ces organisations luttent pour faire respecter ou pour renforcer ce qu'ils considèrent être la place légitime du groupe dans la société. Elles contribuent à consolider l'existence de tel groupe aux yeux de leurs membres et de l'ensemble de la société. Ces groupes doivent élaborer des plateformes revendicatives de compromis en synthétisant les demandes (« opérer l'agrégation des demandes ») pour satisfaire le plus grand nombre.

Les groupes d'intérêts à vocation spécialisée

Braud les dénomme « groupes d'intérêts supports d'une cause ». Dans cette hypothèse, on range les groupes d'intérêts qui se font les porte-paroles d'une cause spécifique autour de laquelle vont se rassembler librement des sympathisants. Ces membres peuvent venir de milieux sociaux / culturels différents mais se reconnaissant par la volonté de défendre un intérêt commun. Les adhérents ont souvent des motivations différentes, ils ne recherchent pas forcément un avantage personnel ou collectif, c'est plus une idée de satisfaction de remplir un devoir (se battre contre la faim dans le monde, contre la torture, le racisme...).

En principe, on ne rencontre pas d'intérêts contradictoires, mais parfois une même cause peut devenir l'objet d'intérêts différents. Ces groupes doivent conquérir une représentativité, sans cesse la renforcer pour s'imposer face à leurs rivaux mais aussi pour s'imposer comme interlocuteurs incontournables des pouvoirs publics. Cette notion est fondamentale lors de l'analyse de ces groupes, mais elle est fuyante : pour mesurer la représentativité d'un groupe d'intérêt, on utilise trois types d'indicateurs : la notoriété génératrice d'identification ; la capacité de mobilisation, d'ampleur très variable d'un groupe à l'autre ; la reconnaissance extérieure par les pouvoirs publics et par les médias.

La notion de groupes d'intérêts est donc difficile à appréhender car elle renvoie à des organisations multiformes, les pressions s'exerçant à divers niveaux (partout où s'exprime le pouvoir de l’État) et de façon protéiforme. L'action des groupes d'intérêts s'adapte étroitement à la structure des pouvoirs publics, évolue en fonction des changements d'équilibre qui se produisent au sein des pouvoirs publics.

1.2.4. Les formes d'action et fonctions

Formes d’action

Dans leur action, les groupes d'intérêts se comportent soit comme groupes veto (c'est-à-dire s'opposant à une mesure susceptible de léser leurs intérêts), soit cherchant à provoquer une réforme / à initier une politique publique qui leur soit globalement favorable. Pour remplir ces objectifs, les groupes d'intérêts mettent en œuvre une multiplicité d'initiatives, mais peuvent aussi manifester certaines résistances ou influencer les pouvoirs publics. Les modalités d'action des groupes d'intérêts ont une influence sur le fonctionnement du système politique dans son ensemble.

Les fonctions

L'articulation des intérêts : les groupes font connaître leurs revendications (qui peuvent d'ailleurs être reprises et agrégées par les partis politiques). Leurs demandes peuvent être :

• Manifestes, c’est-à-dire s'exprimant par une revendication précise, ou bien latentes, s'exprimant par des attitudes de mécontentement

• Diffuses (déclaration en faveur du changement) ou spécifiques (exemple : augmentation du SMIC)

• Instrumentales (négociations) ou affectives (expression de gratitude ou de colère)

Trois fonctions principales :

• Les groupes de pression fournissent une information complète pouvant constituer une aide précieuse à la décision pour les décideurs publics

• Ils peuvent manifester le consentement des intéressés aux mesures envisagées par les pouvoirs publics, consolidant le consensus

• Ils canalisent les revendications, jouant ainsi un rôle modérateur prévenant les excès de la revendication sauvage.

Ces groupes d'intérêts remplissent une fonction d'intégration au système. Ils peuvent se substituer aux partis politiques s'ils sont incapables d'exercer la fonction d'agrégation des intérêts. Les groupes d'intérêts sont alors amenés à synthétiser, à hiérarchiser les demandes de leurs adhérents et se substituent aux partis défaillants. Il arrive que le gouvernement reconnaisse ces groupes comme interlocuteurs valables et engagent avec eux une politique de concertation.

1.2.5. Les modalités d'intervention des groupes d'intérêts

La défense des intérêts qu'ils prennent en charge conduit les groupes d'intérêts à mener différentes actions destinées à se faire écouter. L'ensemble des modalités s'inscrit dans un répertoire d'initiatives visibles ou occultes, pacifiques ou violentes. La pression porte soit directement sur les pouvoirs nationaux / locaux, sur les partis politiques ; soit de façon indirecte auprès de l'opinion publique avec l’espoir qu'elle fasse à son tour pression.

Il faut distinguer l'action ouverte, avec pour objectif de fournir des informations, accepter d'être consulté, brandir des menaces, de l'action occulte, où l’on tombe dans le registre des relations privées / de la corruption.

A) Les pressions directes

Il s’agit des pressions plus ou moins officielles menées sur les élus locaux / ministres / administrations.
Ces pressions peuvent prendre plusieurs formes :

L'information : les groupes d'intérêts remettent aux autorités chargées de prendre une décision une documentation nécessaire, détaillée, destinée à convaincre les décideurs des revendications présentées. Cette information est en réalité souvent orientée et présente les faits de manière conforme aux intérêts du groupe. Depuis quelques années, les lobbies ont de plus en plus recours à des experts pour la rédaction, permettant à la cause défendue d'apparaître comme plus scientifique et donc plus légitime.

Les consultations : les pouvoirs publics organisent parfois eux-mêmes, de façon ponctuelle ou permanente des consultations avec les associations concernées par la réalisation de tel ou tel projet. Ces contacts sont soit occasionnels (on monte une table ronde), soit institutionnalisés (par le biais du conseil économique et social ou par celui des commissions du plan). Il y a aussi des contacts personnels avec les parlementaires, ministres... pouvant parfois, hélas, déboucher sur des opérations de corruption (financement secret, trafic d'influence, chantage, etc).

B) Les pressions indirectes

Il s’agit des pressions effectuées par les entreprises qui prennent à témoin l'opinion publique pour obtenir son soutien, car dans un régime démocratique influencer l'opinion publique c'est influencer le pouvoir politique. Cette pression sera d'autant plus efficace si les médias sont mobilisés.

Cette action peut prendre deux formes :

• La contrainte : on fait pression sur la population pour obliger les pouvoirs publics à prendre la décision dans le sens souhaité, car les autorités publiques ne peuvent rester de marbre face à une pression paralysant une région / une industrie vitale. Cette contrainte s'exprime par la grève, des manifestations (constituant des troubles à l'ordre public). Pour être efficace, cette contrainte doit être rendue populaire : le groupe d'intérêt doit susciter un capital de sympathie obtenu par des actions spectaculaires ou de masse.
• La persuasion : le groupe s'efforce de convaincre l'opinion par une publicité intensive diffusée dans la presse ou à la télévision. Développement d'une information visant à la propagande : le groupe peut acheter une page de publicité, organiser une conférence de presse, etc. Il est évident que le soutien de l'opinion aura d'autant plus de chances d'être obtenu si les groupes d'intérêts parviennent à présenter leurs revendications comme relevant de l'intérêt général.

Les groupes d'intérêts disposent essentiellement de 7 modes d'action (outils) :

-       Le lobbying, plaidoyer en utilisant la communication stratégique et les réseaux d’influence

-       La négociation,

-       L'action conflictuelle,

-       L'action juridique,

-       La manifestation,

-       Les actions symboliques,

-       Les prises de position publiques dans les médias.

Mais l'activité des groupes d'intérêts ne se limite pas à la simple pression, ils sont également amenés à participer à la prise de décision.

La participation à la prise de décision politique

Ces groupes sont à l’origine d’initiatives positives et pèsent de plus en plus dans le processus de décision politique. On évoque par là le progrès du partenariat et le développement d'un modèle néo-corporatiste.

Les groupes d'intérêts contribuent à l'élaboration de la loi grâce à leur participation accrue à l'échelon local et national au sein de commissions techniques, de comités d'experts / de sages, en multipliant les consultations / concertations desquelles résultent de nombreux avantages, dont un ajustement des intérêts contradictoires et la création d’un certain consensus. La décision a alors plus de légitimité et sera mieux appliquée.

Ces instances de concertation renforcent le poids des groupes d'intérêts.

Finalement, les relations entre l’État et les groupes d'intérêts se développent, car le premier cherche à s'appuyer sur le deuxième, ce qui permet une coproduction des politiques publiques. L'État constitue pour les groupes d'intérêts une cible et une ressource politique majeure. Qu'est-ce que ces groupes retirent de l’État ? Que fait l’État de ces groupes ? Les légitime-t-il ?

On assiste au développement d'un néo-corporatisme, c'est-à-dire un système dans lequel les pouvoirs publics choisissent dans la multitude des groupes d'intérêts ceux qu'ils estiment les plus représentatifs. Les sélectionnés sont alors érigés en interlocuteurs privilégiés et permanents. Le terme de « néo-corporatisme » renvoie à l'association formalisée des groupes d'intérêts aux prises de décision. Un échange s'instaure entre pouvoirs publics et groupes d'intérêts, car les pouvoirs publics en font des partenaires privilégiés (les estimant comme représentatifs). Il s’opère une certaine institutionnalisation des groupes, car l’État confère à certains un label de représentativité qui leur donne une légitimité dans l'espace public.

Finalement, les échanges de plus en plus étroits produisent une légitimité mutuelle : les politiques publiques deviennent plus consensuelles et il y a légitimation des groupes consultés. L'importance croissante des partenariats entre l’État et les groupes d'intérêts dans la mise en place des politiques publiques rend de plus en plus complexe l'analyse des processus décisionnels. Désormais, on les qualifie de « gouvernement en réseau » (notion de gouvernance). Le lobbying connaît aussi une importance grandissante au niveau européen, avec des groupes d'intérêts particulièrement bien représentés au sein de l'UE. En juillet 2008 la commission européenne recensait 1257 représentants d'intérêts ; ce lobbying est bien perçu car il se substitue à l'opinion publique qui n'existe pas vraiment. Ce lobbying regroupe 5 catégories d’acteurs : les entreprises, les syndicats et ordres professionnels, les régions, le monde associatif et les ONG, et les cabinets de consultants.

Cette diversité permet de faire entendre des intérêts très divers à un niveau supranational. On dénonce souvent l'UE comme étant trop technocratique, on affirme que les citoyens ont du mal à se reconnaître dans ses institutions, ainsi les groupes d'intérêts sont une alternative et permettent de renforcer le fonctionnement démocratique (ils améliorent le fonctionnement démocratique des institutions européennes et permettent la représentation d'intérêts). Ils constituent une transmission entre citoyens et institutions européennes, a fortiori car il n'existe pas de parti politique européen.

L'ampleur des groupes d'intérêts révèle la complexité de la notion de pouvoir, des processus décisionnels : désormais, ces processus n'émanent plus d'une seule autorité (en Europe comme au niveau national) et impliquent de lourds efforts de compromis et négociations.

Bref, Un groupe d'influence, ou groupe d’intérêt, est une organisation dont le but est d'influencer, directement ou indirectement, officiellement ou officieusement, les décisions politiques ou l'opinion publique, pour défendre les intérêts d'un groupe ou certaines valeurs.

Un groupe de pression est un regroupement plus ou moins formel d’acteurs d’un secteur professionnel ou partageant des intérêts communs. Un groupe de pression ou groupe d'intérêt est un groupe social plus ou moins bien organisé qui exerce une pression sur les pouvoirs publics afin de défendre ses intérêts particuliers, qu'ils soient économiques, matériels, financiers, humanitaires ou moraux. Il peut chercher à promouvoir une évolution des lois ou des changements politiques qui leur sont favorables ou à les empêcher s'ils leur sont défavorables. Le groupe de pression est constitué afin de défendre ses intérêts face à des institutions ou individus pouvant prendre des décisions qui pourraient les affecter.

Les groupes de pressions cherchent surtout à influencer les décideurs politiques nationaux ou internationaux dans les processus d’élaboration des lois ou règlements.

Il s'agit d'une organisation habituellement liée à un intérêt économique (chambre de commerce, syndicat, organisation professionnelle) qui vise à influencer les décisions prises par les dirigeants politiques. Contrairement aux partis politiques qui visent explicitement à prendre le pouvoir, les groupes de pression tentent d'infléchir la décision lors des processus législatifs. Par des modes de représentation discrète (lobbying) ou par des activités publiques (déclaration, pétition, manifestation, etc.) ces groupes tentent de défendre, de modifier ou d'empêcher l'instauration de politiques déterminées. L'action des groupes de pression peut aussi procéder par des réseaux ou, dans certains cas, par des formes de corruption.

1.2.6. Types de groupes d’influence

·         Les Lobbies ou groupes de pression sont des organisations qui veulent la modification d'une règlementation spécifique, dans une direction spécifique, et qui s'adressent directement aux personnalités politiques.

·         Les groupes de défense (advocacy group en anglais) sont des organisations qui veulent la modification d'une règlementation spécifique, dans une direction spécifique, et qui s'adressent à l'opinion publique en tentant de l'influencer.

·         Les think tank, ou laboratoires d'idées, des institutions de droit privé, en principe indépendantes des partis, à but non lucratif, regroupant des experts et qui produisent des études et des propositions dans le domaine des politiques publiques.

·         Les clubs ou cercles de réflexion, qui réunissent autour d'une personne ou d'un mouvement politique ou social des personnes qui s'intéressent à la vie publique.

·         Les sociétés secrètes sont des groupes d'influence qui fonctionnent dans l'ombre (la franc-maçonnerie…)

L’influence en politique a pour objectif de modifier le comportement d’une cible sans recours à la contrainte ou la coercition. Dans ce cas, les individus ciblés agissent de leur plein gré, consciemment ou pas, alors que dans le cas de la contrainte ils agissent consciemment contre leur gré.

Lorsqu'il s'agit d'influence à des fins négatives on parle alors de manipulation.

Dans les sociétés démocratiques, la contribution des groupes de pression constitue une composante essentielle du système politique. Leurs interactions avec les dirigeants politiques forment souvent la trame de l'actualité politique. Une large part de la vie associative nationale, régionale ou locale est orientée vers la défense de dossiers sectoriels auprès des autorités politiques. On compte généralement un très grand nombre de groupes de pression dans une société démocratique. Les groupes de pression peuvent également avoir pour source des idéologies, des engagements caritatifs ou humanitaires. Autant dans le domaine des sciences, de l'activité sportive ou des loisirs, les regroupements sont amenés régulièrement à faire valoir directement leur point de vue auprès des gouvernements ou par le biais des médias et de l'opinion publique. Les groupes de pression peuvent aussi appartenir à des organisations internationales. 
Dans certains pays, l'activité des groupes de pression est réglementée ; les groupes de pression ont généralement des modes de fonctionnement définis : congrès, exécutif, budget, membership, permanents, etc. Ses modes d'action peuvent être discrets (lobbying, participation à des instances consultatives, activation de réseaux, corruption) ou publics (déclaration, pétition, manifestation, etc…).

1.3. Plaidoyer (Advocacy)

Le dictionnaire traduit le terme advocacy par «plaidoyer» ou «art de plaider». L’advocacy est l’action de représenter une personne ou un groupe, pour en garantir les droits par rapport à des pouvoirs constitués. En politique, le plaidoyer (advocacy en anglais) est la défense écrite ou orale d’une opinion, d’une cause, d’une politique ou d'un groupe de personnes. Le processus de plaidoyer dépend d’un groupe de plaidoyer informé et engagé. En droit, le plaidoyer est l'exposé verbal des prétentions et arguments d'une partie devant un tribunal, lors d'une audience. En politique, le plaidoyer est la défense écrite ou orale d’une opinion, d’une cause, d’une politique ou d'un groupe de personnes. Un discours de défense.

L’advocacy se distingue du lobbying en ce sens que le premier se pratique pour défendre non pas ses propres intérêts, mais ceux de tiers défavorisés. Il encourage la prise de conscience, favorise la compréhension et la recherche de solutions, crée des alliances et des réseaux qui peuvent déboucher sur des réalisations concrètes à l’échelon international.

Le plaidoyer vise souvent l’amélioration des conditions de vie et du bien?être de groupes défavorisés ou la protection d’entités ne pouvant se défendre elles-mêmes : par exemple d'espèces en voie d’extinction ou l'environnement.

Les moyens utilisés pour mettre en œuvre le plaidoyer :

·         La manifestation est l'instrument le plus traditionnel, cette forme d'activisme pouvant être plus ou moins violente.

·         L'action par envoi de lettres (historiquement par Amnesty International) ou de pétitions. Ces actions peuvent être plus ou moins massives selon le nombre de personnes mobilisées.

·         L'interpellation directe des décideurs via un argumentaire préparé par des experts, ce mode d'action plus discret est couramment utilisé pour le lobbying. On peut viser à influencerles dirigeants d'entreprise en les interpellant ou en devenant actionnaire d'une entreprise pour pouvoir intervenir en assemblée générale (actionnariat responsable)

·         Les élus : par exemple pour influer sur le budget de l'État consacré au développement ou le processus législatif (par exemple la campagne contre les mines anti personnelles de Oxfam France-Agir ici).

·         Les médias soit via les journalistes, soit par des campagnes publicitaires.

·         Enfin, le plaidoyer peut se conduire en influençant les achats des consommateurs, via des campagnes de consommation responsable.

Un réseau de plaidoyer (advocacy group) est un groupe de personnes ou d’organisations œuvrant de concert dans un objectif commun de changements à un niveau politique, dans un domaine particulier.

Attention ! Ne pas confondre avec plaidoirie qui désigne de manière générale l'exposé verbal des prétentions et arguments d'une partie devant un tribunal, lors d'une audience. Le but de la plaidoirie est de convaincre un tribunal.

Cet exposé contient les demandes, dites aussi « prétentions », et les défenses. Pour plaider, peuvent être présentés des faits, des moyens de fait et de droit et des preuves.

1.4. Lobbying

Le lobbying est la pratique du plaidoyer visant à influencer un gouvernement, de manière à ce que le point de vue d’un individu ou d’une organisation y soit représenté, et que la législation soit élaborée et mise en oeuvre en conséquence. Dans de nombreux pays, le lobbying est régulé afin de prévenir la manipulation politique et la corruption. Certaines personnes sont payées pour être lobbyistes.

Un lobby (ou un groupe d'intérêt, un groupe de pression, représentant d'intérêts ou encore groupe d'influence, plus traditionnellement un intriguant ou un réseau d'intrigues) désigne un réseau de personnes créé pour promouvoir et défendre les intérêts privés d'un groupe donné en exerçant des pressions ou influences sur des personnes ou institutions publiques détentrices de pouvoir. Pour ce faire, il exerce une activité, le lobbying, qui consiste « à procéder à des interventions destinées à influencer directement ou indirectement l'élaboration, l'application ou l'interprétation de mesures législatives, normes, règlements et plus généralement, toute intervention ou décision des pouvoirs publics »1. Ainsi, le rôle d'un lobby est « d'infléchir une norme, d'en créer une nouvelle ou de supprimer des dispositions existantes »2.

Le lobbying est la partie du plaidoyer qui se rapporte spécifiquement aux activités visant à influencer une législation3.

Le lobbying est un ensemble d’actions d’influence et de pression menées par un lobby pour défendre ses intérêts face à des institutions ou individus pouvant prendre des décisions qui pourraient l’affecter. Il s’agit normalement davantage d’un ensemble d’actions liées à une stratégie d’influence qu’à une démarche réellement marketing. Les actions de lobbying sont surtout menées à destinations des décideurs politiques.

Selon l’encyclopédie Universalis « le lobbying peut être défini comme l’attitude et l’action des groupes de pression (lobbies) qui cherchent à protéger leurs intérêts face aux décisions des pouvoirs publics. Cela suppose que le pouvoir accepte ce dialogue, et l’histoire du lobbying se confond ainsi dans une large mesure avec celle des démocraties. »

Faire du lobbying, de manière générale, c’est se faire entendre par un tiers dans le cadre d'une offre à lui soumettre. Il s’agit de trouver ainsi les bons interlocuteurs et de les convaincre des enjeux majeurs qu’une thématique représente. Il faut également leur prouver qu’il est essentiel qu’un tel sujet soit abordé, être convaincu de l'intérêt apporté par son choix, et démontrer la supériorité de son offre, les impacts, les enjeux...

Un lobby est une structure organisée pour représenter et défendre les intérêts particuliers d'un groupe d'acteurs économiques (groupes industriels ou financiers, entreprises, entreprises multinationales ou organisées en filières, organisations professionnelles, syndicats, fédérations...). De nombreux observateurs intègrent aussi sous la notion de lobbies les organisations non gouvernementales et les associations quand celles-ci s'organisent pour démarcher régulièrement les élus, mais cette extension typiquement anglo-saxonne fait l'objet d'un débat en Europe quand il s'agit d'associations qui défendent des causes d'intérêt général. Elle est contestée, par exemple, par le réseau d'associations ETAL (Encadrement et la transparence des activités de lobbying), par la Fondation Sciences Citoyennes, de même que par des élus et par des commentateurs spécialisés.

On distingue le lobby proprement dit de ses outils d'influence (clubs de réflexion et d'influence dits aussi « think tanks », lobbyistes et cabinet de lobbying ou de conseils, avocats, associations et fondations financées par le groupe d'entreprises, etc.).

Des gouvernements ou des collectivités locales peuvent s'organiser également en lobbies ou recourir à des cabinets de lobbying pour faire valoir leurs point de vue et intérêts auprès d'autres autorités politiques, élus et institutions (exemple : des Conseils régionaux auprès du Parlement européen, des pays auprès de l'ONU ou du Fonds Monétaire International).

Au contraire du plaidoyer Le lobbyiste (représentant d'intérêts) cherche à peser sur les décisions politiques sans chercher à gouverner directement.

L'emploi du « lobbying » notamment par les professionnels est particulièrement constaté dans les cas suivants :

·         « Coalition building » ou « constitution de coalitions ». C'est une arme essentielle pour le lobbyiste. Les entreprises ou autres groupes d'intérêt de petite taille se réunissant autour d'un même secteur d'activité peuvent ainsi intervenir efficacement auprès des pouvoirs publics. Ceux-ci sont effectivement enclins à consulter ou écouter le groupement réputé être le plus représentatif d'un secteur d'activité.

·         « Corporate communication » ou « communication d'entreprise » : soit, pour une organisation, toute action de communication visant l'externe ou l'interne. Le lobbyiste peut intervenir comme avocat de la firme ou de l'organisme pour lequel il travaille. Ces communications servent à améliorer ou à défendre l'image de l'entreprise ou d'un groupe de représentation d'intérêts.

·         « Public affairs » : l'intervention en ce domaine consiste à participer ou à influencer la politique de formulation de programmes - publics ou privés - destinés à un large public.

·         « Stakeholders » : soit les « parties prenantes » d'une action, d'une organisation, d'un marché concurrentiel, de la communauté sociale, de l’État. Ainsi, les actionnaires, porteurs de part, propriétaires, consommateurs, salariés, ayants droit, citoyens, etc. sont des stakeholders. Les dossiers de synthèse effectués par les think-tanks sont ensuite adressés aux prescripteurs ou décideurs-clés.

·         « Grass root lobbying » : soit l'action de lobbying démultipliée, où l'on recherche la mobilisation la plus étendue possible des personnes concernées (techniques de marketing direct ou méthodes participatives). Un premier envoi en nombre peut ainsi être démultiplié en incitant les destinataires à écrire à leur tour à leurs proches et à leurs amis, qui à leur tour, etc.

1.5. Plaidoyer et lobbying : rapprochement et distance

La différence entre le plaidoyer et le lobbying est que le premier est une stratégie d’influence ouverte et souvent médiatisée qui peut concerner tous les publics tandis que le second consiste à prendre contact, le plus souvent, dans des espaces informels, des circuits souterrains avec les décideurs pour les faire changer de positions ou de décisions.

Le plaidoyer permet d'introduire un ou des changements significatifs ; de résoudre un problème important qui concerne un groupe, une communauté, par une décision concertée sur la demande et la participation des intéressés, avec l'assistance de partenaires convaincus.

En tant que stratégie visant le changement d’attitudes (perception, opinion) et de comportements, le lobbying permet :

- d’apporter un soutien à une action

- de faire pression sur les décideurs

- d’influencer la prise de décision en utilisant le réseau des alliances

- de mieux défendre le plaidoyer

Le plaidoyer vise des changements de politiques et de positions alors que le lobbying peut être l’un des canaux pour mieux faire le plaidoyer.

En matière de lobbying, en dehors de l’analyse de l’acteur principal, les autres activités seront ciblées plus individuellement afin d’assurer un dialogue sans heurt.

Alors que le plaidoyer est nécessairement une action de groupe, le lobbying peut être une action individuelle.

Le lobbying donc est un outil utilisé dans le plaidoyer.

Toutefois, les deux notions :

Ø  visent la défense d’une cause, d’un problème, un changement significatif ;

Ø  servent à influencer des décideurs ;

Ø  sont des processus à construire.

En ce qui concerne les similitudes entre les deux concepts, ils :

- sont des processus à construire

- concernent une cause à défendre, un problème important

- demandent de l’engagement, de la confiance, la conviction

- visent un changement significatif

- se basent sur des objectifs à définir

- nécessitent des données à collecter

- requièrent des messages à élaborer et à présenter

- ont besoin de fonds à mobiliser

- servent à influencer les décideurs

- imposent de forger des alliances

- recherchent de l’assistance

- identifient des décideurs

- exigent la participation des intéressés

- se composent d’actions réalisées par un groupe

- visent à toucher la sensibilité des décideurs

Concernant les différences entre les deux concepts :

- Le lobbying peut être une action individuelle, tandis que le plaidoyer nécessairement est une action de groupe.

- Le lobbying a pour cible les décideurs, alors que le plaidoyer cible les bénéficiaires, les décideurs et l’opinion publique.

- Le lobbying poursuit l’intérêt personnel d’un groupe ou d’un individu, tandis que le plaidoyer défend l’intérêt ou la cause des TIERS, des défavorisés…

- Le lobbying utilise parfois des moyens moralement douteux, tandis que le plaidoyer évite tout ce qui frise la corruption…

1.6. La Société civile

La société civile est l’ensemble des organisations bénévoles en dehors de la famille, de l’Etat et du secteur privé, qui contribue à la satisfaction des besoins du citoyen et œuvre pour promouvoir et défendre ses droits et devoirs. C’est l’ensemble des organisations ou structures ayant une existence juridique ou non et dont la vocation est d’exercer une activité d’intérêt général, de solidarité ou de coopération volontaire pour le développement locale, national ou international dans une relation dynamique de contre pouvoir social non conflictuel avec l’Etat. Pour une bonne gouvernance démocratique, il faut une société civile forte qui connaît et joue bien son rôle.

Composition 

-       Les ONG

-       Les medias

-       Les Associations de développement

-       Les syndicats

-       Les organisations confessionelles (les religions)

-       Les organisations professiionnelles (Artisans, médecins…)

-       Les chefferies traditionnelles

Mandat

1. Prestation de service : gestion déléguée d’équipement par exemple

2. Contre pouvoir à travers le contrôle des actions, le lobbying et le plaidoyer, la défense des intérêts des couches marginalisées 

3. Appui aux actions des gouvernants : participation aux réflexions,  montage de projet, etc 

4. La mobilisation sociale : information et formation des populations, promotion de participation citoyenne. C’est cet acte public des citoyens et des OSC de mobilisation des décideurs (ou à les affronter) autour des problèmes des citoyens ou du grand public qui fait de l’action civique un concept politique. Ce n’est pas parce que la société civile cherche à s’approprier le pouvoir politique »

 Fonctions dans l’action civique

1. Intensifier la participation des citoyens ou de la société civile à la formulation de politiques nationales ou à la levée des contraintes institutionnelles ou juridiques dans un contexte de préparation et ce, à tous les niveaux.

2. Répondre aux forces de l’Etat, du marché et des institutions traditionnelles à travers un suivi de leur gestion des affaires publiques.

L’action civique relève donc de l’obligation et du droit du citoyen pour garantir l’intégrité du régime démocratique.

Date de dernière mise à jour : 11/06/2018