Sondage d'opinion

Sondage d’opinion publique en contexte électoral

Les enquêtes d'opinion sont apparues aux États-Unis dans les années 1930. Leurs promoteurs, George Gallup et Elmo Roper, étaient des professionnels du marketing. La nouvelle méthode empruntait à la fois à la statistique sociale, qui menait des enquêtes sur les conditions de vie (hygiène, salubrité des logements, etc.), et à la découverte mathématique des principes de représentativité faite à la fin du XIXe siècle.

Le sondage d'opinion occupe une place importante aujourd'hui dans la vie médiatique et sociale, il est particulièrement utilisé par les entreprises, les médias et les partis politiques. Réalisés à partir de questionnaires proposés à un échantillon d'individus représentatifs d'une population donnée, les sondages estiment la répartition de l'opinion de l'ensemble de la population. Les échanges publics, fondés souvent sur l’analyse de sondages, mobilisent nombre d’analystes, d’éditorialistes, et de journalistes pouvant influencer l'opinion...

IV.1. Qu’est-ce que l’opinion publique ?

La chercheuse Noelle-Neumann a mis les phares sur une notion appelée « climat d’opinion ». Chacun de nous a un sens presque statistique pour comprendre quelles sont les opinions qui circulent et qui gagnent de l’importance dans le domaine publique.

Elle perçut, en Allemagne, qu’une chose était demander qui on voterait, et l’autre est le résultat ou la réponse à la question « qui est-ce qu’on croyait qu’il aurait vaincu aux élections ? »   ( climat d’opinion ). Ce climat affirme un mécanisme pas seulement rationnel, mais aussi psychologique.

Cette théorie l’a conduite au « spirale du silence », théorie qui fait référence aux opinions minoritaires qui, tout en donnant l’impression de disparaître dans l’opinion publique, existent en réalité. En faisant des recherches sur une telle attitude dans le passé, elle trouve un psychologue Asch, auteur de la théorie de conformisme. Selon Asch, si 9 sur 10 personnes sont d’accord sur quelque chose de faux, la 10ème personne finit par donner un point de vue erroné tout simplement pour se conformer à la majorité.

La spirale de silence est une réaction aux changements du climat d’opinion, qui répond à la peur d’isolement.

Il existe deux phénomènes très liés à l’opinion publique qui n’ont pas de connotation directement rationnelle : la mode et la censure.

La mode est une forme de comportement qui doit être exécutée pour ne pas tomber dans l’isolement.

L’opinion publique est bien différente de l’opinion publiée. La soit disant théorie de la cultivation, la fameuse théorie de « knowledge gap », la théorie de « l’agenda setting » et la théorie de la « spirale du silence » … font partie de ce phénomène.

Les médias confluent dans la formation de l’opinion publique. Par rapport à celle-ci et de ses changements, les médias interviennent de plusieurs manières :

  1. La minorité, soutenue par les médias, ont le courage de maintenir leur position
  2. La présence intense et l’explicitation des médias ont de l’influence dans le domaine public
  3. Ceux qui soutiennent une position majoritaire, avec le temps deviennent faibles s’ils ne trouvent de contrastes publiquement, perdant ainsi l’opportunité de discuter leur point de vue de manière ouverte.

Les médias créent-ils l’opinion publique ?

  1. Ils fournissent une pression environnementale à laquelle les personnes répondent ou qu’elles accueillent avec le silence.
  2. Ils constituent une des sources d’observation de l’opinion publique

Une institution doit faire attention, non pas à l’opinion publiée, mais bien à l’opinion publique.

Les médias et l’opinion publique

Les médias sont ambivalents par rapport à l’opinion publique. Ils sont facteurs de consensus social. Ils s’appuient sur l’ordre social courant et le reproduisent. Ils s’opposent par contre à la vraie religion, aux vraies valeurs. Il est important d’enlever les obstacles. Et ceci est le rôle de la communication institutionnelle. Il ne faut pas sous-estimer le pouvoir des médias.

Sans pour cela perdre de vue les autres fonctions qu’on leur prête (e.g., persuasion, agenda-setting, etc.), la fonction d’information des sondages est primordiale, surtout si on la conçoit comme une forme d’influence indirecte. Avant tout, hormis dans le cas des  instituts mandatés à titre privé par certains leaders politiques, les enquêtes d’opinion ont pour objectif d’informer les citoyens sur les “attitudes” de la population — information à laquelle ils n’ont pas accès en scrutant leur environnement immédiat. Contrairement à ce qu’affirme Noelle-Neumann (1979 : 147-148 ; 1984 : 115), les sondages constituent probablement un moyen non négligeable dont disposent les individus pour connaître la teneur et les changements de l’opinion publique, et auquel un hypothétique “organe perceptif quasi-statistique” ne saurait suppléer entièrement. Or, depuis leur apparition sous une forme “scientifique” dans les années 1930, les sondages bénéficient d’une diffusion très large via les mass médias. Ceux-ci les reproduisent de manière extensive, en passent commande auprès des instituts, ou les réalisent eux-mêmes — une pratique initiée dès la fin des années 1960 aux Etats- Unis (Tipton 1992 : 139-142 ; Ladd and Benson 1992 ; Frankovic 1998 : 155-158). Parallèlement à certains développements technologiques, la Guerre du Viet-Nam et le scandale du Watergate ont donné un essor définitif aux sondages d’opinion aux Etats-Unis (voir Lang and Lang 1980), d’où ils se sont ensuite propagés au reste du monde occidental. En effet, ces événements ont engendré une grande défiance de la classe politique parmi les journalistes, qui « crurent important de contourner les leaders des partis et de solliciter directement les opinions du public » (Frankovic 1998 : 157, nt). De la sorte, le développement des sondages a fait graviter la notion d’opinion publique d’un niveau collectif vers un niveau individuel (Ginsberg 1986 : 73-80), “sapant la capacité des groupes (..) à parler au nom de l’opinion publique” (Ginsberg 1989 : 283, nt). Le journalisme doit couvrir une fonction de surveillance et de corrélation entre l’élite et le public.

Ce faisant, l’une des fonctions traditionnelles de l’homme politique, celle de porte-parole de sa base électorale et d’articulation des clivages politiques, se trouve pour ainsi dire “court-circuitée” par la publication à large échelle de sondages — ce que certains n’hésitent pas à appeler “sondomanie” ou même “sondocratie”. En effet, le moindre aspect de la vie politique, y compris et surtout le destin personnel des politiciens, est désormais susceptible de faire l’objet d’une question de sondage. Ainsi, les médias « deviennent en quelque sorte tautologiques, puisque la communication s’effectue sur un des éléments sur lesquels elle se fonde » (Maarek 2001 : 129). Et puisqu’il est rarement fait appel à eux pour “déchiffrer” le climat de l’opinion — sinon pour commenter leurs propres scores dans les sondages…—, les partis et les hommes politiques se voient pour ainsi dire “écartés de la maîtrise de l’agenda politique” (2001 : 129). Dans les termes de Blondiaux (1998 : 191-194), cette “destitution des faux prophètes de l’opinion publique” a été thématisée de bonne heure, dès les années 1940, par les initiateurs américains de la technique des sondages d’opinion. Toutefois, comme je l’ai souligné plus haut, une distinction assez nette se dessine entre les responsables de haut rang (qui peuvent faire pression sur les sondeurs ou agir dans l’ombre, notamment au moyen de sondages privés, pour tenter d’imposer leurs propres thématiques) et la masse des hommes politiques, qui doivent se contenter d’intervenir au niveau de l’interprétation secondaire des données d’enquête recueillies par d’autres.

Progressivement, les sondages ont acquis la valeur de “nouvelles” (news), au même titre que les événements ou phénomènes politiques sur lesquels ils portent. Les progrès techniques ont rendu la pratique des sondages à la portée des grandes entreprises médiatiques et compatible avec les exigences liées à leur rythme de publication (Worcester 1983 : 99-100 ; Gollin 1987)23. Les enquêtes d’opinion constituent désormais un “sujet d’actualité” indissociable des mass médias ; plus exactement, la “caisse de résonance”(Max 1981 : 49 ; Kessler 2002 : 49) que les médias offrent aux sondages d’opinion leur garantit un rôle central dans la définition de l’espace public contemporain. En substance, les résultats de sondages « aident les journalistes à “planter le décor” dans leurs récits sur tels ou tels enjeux ou controverses politiques » (Herbst 1998 : 99, nt). De fait, bien que laissé momentanément au second plan des “courses de chevaux” électorales, le sondage des enjeux politiques reprend ses droits entre deux élections et emplit sans coup férir les différents médias, à défaut de sujets plus préoccupants. A cet égard, les sondages fournissent aux journalistes une source inépuisable de “diagnostic social”, sous la forme de divers baromètres publiés à intervalles réguliers (“problèmes prioritaires”, “indices de performance” du gouvernement et des partis dans les différents domaines, etc.), auxquels s’ajoutent bien sûr les fameuses cotes de popularité ou de confiance des personnalités politiques.

Cette forme de discours sur la société est en réalité fort commode pour les médias. D’une part les sondages “créent l’événement” (et même des événements à répétition), ce qui veut dire que le journaliste tient là son sujet, et n’a pas besoin de recouper ses sources ou de se déplacer sur le terrain pour faire une interview. D’autre part, les sondages octroient au discours journalistique un vernis de scientificité et une certaine légitimité vis-à-vis du pouvoir politique ; j’y reviendrai.

IV.2. Les systèmes électoraux

Les différents modes de scrutin et leurs effets

Les scrutins majoritaires

Les scrutins proportionnels

Les scrutins mixtes

Avantages et inconvénients de chacun de ces systèmes

Démocratie directe:

Démocratie représentative: 

Démocratie sémi-directe: (1) Initiative populaire, (2) Referendum, (3) Plébiscite

IV.3. Le suffrage

IV.4. Principes et éléments du système électoral

1. Le vote doit être universel, égal, libre, secret et direct

2. Eléments (composants) du vote

a) Corps électoral: 

b) Circonsciption électorale: 

c) Candidature:

1. Liste fermée et bloquée: L’électeur peut choisir seulement une liste parmi tant d’autres, telle que présentée, sans la moindre possibilité de modifier quoi que ce soit.

2. Liste fermée et non bloquée: L’électeur choisit l’ordre de préférence parmi les candidats appartenant à une liste.

3. Liste ouverte: L’électeur choisit les candidats les candidats qu’il préfère indépendamment à l’appartenance aux diverses listes.

d) Processus d’élection:

1. Vote unique.

2. Vote multiple: l'électeur a autant de votes que les sièges attribués à la circonscription.

3. Vote préférentiel: c’est le cas de l’élection avec listes ouvertes

4. Vote  cumulable: C’est une variante du vote multiple, parce qu’on peut voter plusieurs fois le même candidat.

5. Vote alternatif: variante du vote préférentiel avec vote unique, où il est permis d’indiquer un second candidat, pourvu que le premier n’ait pas été élu ou ait eu plus des voix en plus.

e) Règles et systèmes pour l’affectation des sièges: 

IV. 4. Méthode d’affectation de sièges

Méthode automatique

Méthode de Hare

Méthode de Hagenbah-Bischof 

Methode de D'Hondt

IV.5. Sondage d’opinion publique

Le sondage d’opinion

Par rapport aux autres instruments de mesure sociale, comme par exemple le panel ou l’expérimentation de laboratoire, le sondage offre certains avantages (Noelle-Neumann, 1993, 39,42) :

  1. On observe un échantillon représentatif de la population, tandis que l’étude de laboratoire s’effectue d’habitude avec des sujets atypiques – étudiants, militaires, malades… -,
  2. Le sondage se fait dans les conditions naturelles et ceci permet de rassembler des aspects décisifs de la vie réelle qui influencent la conduite.

Quelques caractéristiques de sondages :

  1. Ils mesurent les opinions et non l’opinion publique. Ils nous donnent les photographies statiques à l’intérieur d’un processus mutable qui ont référence à certaines questions, celles qui sont posées.
  2. Ils nous fournissent une connaissance probable, parfois tout simplement indicative.
  3. Comme ils sont des moyens standardisés – égaux pour tous les sujets interviewés – les sondages comportent des limites. On ne peut pas être sûr que toutes les personnes interrogées comprennent correctement les questions, qu’elles lisent dans le même ordre qu’elles leur sont présentées, et qu’elles n’imaginent pas les sens non présents dans les questions …
  4. Il convient de leur donner leur juste valeur, ni plus, ni moins. Malgré ceci, il faut dire que les sondages électoraux sont assez précis et très utilisés dans tous les pays. Aux USA par exemple, par deux fois seulement que les sondages se sont trompés : en 1948 Gallup avait pronostiqué la victoire de Deweye, alors que c’est Truman qui a gagné. La faute était due à un mauvais échantillonnage. En 1980, la victoire de Reagan n’était pas prévu par les sondages jusqu’une semaine avant les élections....(Bailey, 1995,   ).

Il y a encore aujourd’hui un grand débat sur l’utilisation des sondages. Certains auteurs retiennent que l’abus de cette technique de recherche a amené des désavantages dans le développement de la sociologie.

IV.6. Répercutions politique et sociale des sondages d’opinion

  • Perte de l’expérience du réel et désorientation de valeurs.
  • Désinformation à cause d’une overdose d’informations.

En ce qui concerne la désinformation par l’overdose d’information, disons qu’il s’agit de l’abondance ou l’excès de l’information qui nous fait croire que nous sommes informés, alors que nous sommes remplis de n’importe quoi, souvent accidentel, qui n’a rien à avoir avec la vraie information.

IV.7. Effets sociopolitiques des sondages

Effets positifs

- Les sondages permettent de connaître la position des autres citoyens, pour aider l’électeur à situer sa position ou son opinion dans le contexte social.  

- Une accumulation d’informations pour les sociologues et les historiens sur le comportement électoral de la communauté. Ceci facilite les études scientifiques, établit les corrélations entre variables, permet la connaissance de changements dans la sociologie politique…

- Les sondages sont une source alternative d’information et  empêchent la manipulation en tant en cas de contraste, permettant ainsi la confrontation d’informations qu’on a.

Effets négatifs

  1. Ils stimulent le pessimisme anti démocratique (Schudson): ils fomentent le déterminisme, fatal pour un régime démocratique, dans le sens que la connaissance à l’avance de ce qui va arriver favorise le désengagement et l’indifférence. Cela ne vaut pas la peine de discuter de rien parce que les choses ne changeront pas. On observe par exemple que dans les campagnes électorales les candidats se concentrent sur les circonscriptions électorales qui lui donnent l’avantage.  Et les moyens de communication ne font plus attention aux candidats qui, dans le ranking de prévisions, sont au bas point.
  2. Les sondages fomentent le populisme. En effet, l’attention excessive aux résultats des sondages favorise une politique basée sur l’image. Le cours de la politique est inconstant et change à tout moment, en suivant le baromètre de la popularité. Par contre, on peut déduire que les actions du leadership peuvent changer la grande partie de l’opinion publique. Ceci démontre combien l’opinion publique est éphémère.
  3. La perte de la légitimité du système démocratique : C’est une conséquence de ce qui précède. Les élections ne sont pas le seul moyen de légitimation ou de contrôle démocratique, les sondages encore moins. En effet, un système démocratique se base aussi sur le respect des minorités, sur l’action et la fonction des autres organes par la diversité des thèmes et des décisions. Par exemple. En France pendant le mandat de Pompidou, on appliqua la peine de mort à deux condamnés après avoir su que 67% de la population était favorable à la condamnation capitale.  Dans ce cas, on peut dire avec Moles que le fait plus grave est qu’on remplace le dialogue publique avec le contrôle des sondages. La démocratie directe n’est toujours la plus profonde et la plus étendue ou ample.
  4. Danger d’ingénierie sociale à travers les sondages : Il s’agit du risque de manipuler l’opinion publique en canalisant son attention au moyen d’une sélection de thème (Clemens e David Paletz). On se rappellera la fonction-effet de l’agenda-setting. Les sondages ne nous obligent pas à penser d’une certaine manière, mais sur une manière concrète plus que sur d’autres.  Le sondages peuvent devenir un instrument  de contrôle pour le pouvoir.
  5. Renforcement de position intermédiaire ou de l’effet « spirale du silence ». C’est ce qu’on a affirmé avant sur la prédisposition à adhérer aux opinions majoritaires de ceux qui ont une opinion déjà formée ou à se concentrer sur la position de consensus. Il faut donner un fondement à ces affirmations comme l’a si bien fait Noelle-Neuman, auteur de cette théorie. (Cfr. Phénomène Rush Limbaugh).
  6. Enfin, il y a lieu de signaler comme facteur nocif, la banalisation des campagnes électorales. On prête plus attention aux hit parade et non aux thèmes en discussion ou aux programmes.

IV.8. Les limites des sondages entendus comme reflet de la volonté populaire (Galtung)

  • Le sondage est individuel, càd les individus sont isolés au moment de l’interview du contexte réel.
  • Il est trop démocratique, càd non tient compte de plusieurs aspects et différences effectives.
  • Il est statique. Il faut bien savoir que les opinions sont dynamiques et qu’elles changent souvent.
  • Ils privilégient la position des classes moyennes. Les opinions minoritaires, radicales ou périphériques se perdent dans l’ensemble de l’enquête. Ceci se dénote déjà dans le choix des personnes à interroger.
  • Les sondages s’adaptent seulement aux situations normales, harmonieuses. Quand il y a une situation de conflit social, crainte ou violence, le sondage est vu comme un espionnage.

IV.9. Répercussions électorales des sondages politiques

  1. “Effet bandwagon
  2. L’effet underdog (perdant)
  3. Effet David ou le renversement des prévisions 
  4. Compensation de l’effet de l’évolution du vote indépendamment des pronostiques. Pour Wert et Lopez Pintor l’intention de vote évolue comme conséquence de la campagne électorale, indépendamment des pronostiques.

Date de dernière mise à jour : 17/04/2017

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